Itinérance : de l'hébergement d'urgence à la réinsertion durable

Par : Alexandre Haslin

Plusieurs services d'hébergement peuvent soutenir les personnes en situation d'itinérance ou en difficulté. Que ce soit pour un refuge d’urgence, de l'hébergement temporaire ou des appartements supervisés, le milieu communautaire du Grand Montréal offre un appui varié aux personnes itinérantes. S’il s’agit avant tout d’hébergement, ces lieux ont bien plus à offrir qu’un toit et un lit et s’accompagnent d’un panel de services très diversifiés : aide alimentaire, aide matérielle, soutien psychosocial, soins de santé… les ressources en itinérance ont à cœur d’offrir à leurs bénéficiaires l’aide la mieux adaptée à leur situation.

Si vous avez besoin d'aide dans vos recherches, n'hésitez pas à nous appeler au 211!

 

Les différents types d’hébergement

Les refuges d’urgence

Les refuges d’urgence offrent un hébergement à court terme, c’est-à-dire d’une ou quelques nuits au plus.

En plus d’un lieu fermé et chauffé où dormir, ces refuges offrent également un ensemble de services plus ou moins variés selon les établissements : douches, buanderie, repas, accès à Internet, mais aussi des services d’aide, de soutien et d’accompagnement.

D’ailleurs, certains organismes comme l’Abri de la Rive-Sud offrent aussi un service d’abri postal. Cela permet aux personnes bénéficiaires d’obtenir un casier postal, autrement dit une adresse fixe, ce qui peut grandement faciliter certaines démarches administratives de réinsertion.

Certains refuges d’urgence sont ouverts à toutes et tous, tandis que d’autres ciblent des publics particuliers : femmes victimes de violences, jeunes, familles, etc.

Avec ou sans son animal?

Plusieurs refuges n’acceptent pas les chiens, chats ou tout autre animal de compagnie dans leurs locaux. Toutefois, de plus en plus d’organismes les acceptent, conscients que la majorité des personnes itinérantes ne se sépareront pas de leur animal et préfèreront passer la nuit dehors. N’hésitez pas à consulter notre liste des refuges acceptant les animaux ou à nous appeler au 211.

Les modalités d’accès à ces hébergements peuvent changer d’un refuge à l’autre. Pour certains, il suffit de se présenter à l’ouverture et les premiers arrivés seront accueillis dans la limite des places disponibles. D’autres peuvent demander que la personne se soit inscrite, en ligne ou par téléphone, dans la journée pour le soir même. Mieux vaut consulter le site web du refuge ou téléphoner avant de s’y rendre.

 

Les hébergements temporaires et de transition

Certains organismes offrent de l’hébergement pouvant aller de quelques semaines à quelques mois, voire parfois un à deux ans. Ces types d’hébergement sont accompagnés d’un ensemble de services d’aide à la réinsertion sociale des bénéficiaires. Il peut s’agir d’aide à la recherche d’emploi et/ou de logement, de soins de santé mentale, d’intervention en dépendance, etc.

Ces hébergements ne sont ni des refuges d’urgence, ni des logements à long terme. Leur vocation est de permettre à des personnes en situation d’itinérance d’avoir la stabilité et l’accompagnement nécessaires pour pouvoir se concentrer sur leur projet de vie et se réinsérer à leur rythme dans la société.

En général, ces services sont offerts en échange d’une contribution financière modique, mais aussi d’autres conditions, comme participer activement à la vie en communauté, ou s’engager à faire les démarches nécessaires à la recherche d’emploi, de logement ou autres.

Là encore, certains centres d’hébergement sont ouverts à toutes personnes, et d’autres ciblent un public particulier. Plusieurs sont par exemple spécialisés dans la prise en charge des adolescents ou jeunes adultes. Certains des services offerts peuvent alors être adaptés au public.

 

Le Centre le Diapason, une précieuse ressource pour les jeunes

Le Centre le Diapason, à Mascouche, accueille des jeunes de 14 à 18 ans vivant certaines difficultés. « Ça peut être un problème de consommation, d’anxiété, de gestion de la colère » explique Mélina, intervenante de suivi au centre. Certains y viennent en accord avec leurs parents, par exemple lorsque la cohabitation parents/enfant est devenue trop difficile. D’autres y cherchent un hébergement d’urgence après avoir été expulsés de leur foyer familial. « Chaque jeune se voit attribuer une intervenante, qui pourra l’aider à travailler sur ses problématiques personnelles. » ajoute Mélina. « Ceux qui vont toujours à l’école y passent leur journée puis rentrent, font leurs devoirs, participent à des activités collectives. Il y a un code de vie à respecter. » Si certains sont en recherche d’emploi, ils peuvent alors là aussi bénéficier de l’aide des intervenantes : rédaction de CV, préparation aux entrevues d’embauche, etc. La contribution suggérée pour ce service est de 14$ par jour. « Certains parents donnent plus, d’autres moins, certains ne donnent rien du tout. C’est selon les moyens de chacun. »

En plus de son centre d’hébergement, qui offre des séjours de 30 à 60 jours, le Centre le diapason dispose également de logements supervisés, destinés aux jeunes de 18 à 25 ans. Installés pour une durée de trois ans, les locataires vivent en toute autonomie, tout en continuant d’avoir leur propre intervenante et de pouvoir participer aux activités du Centre. Le tout pour un loyer équivalent à 25% de leurs revenus mensuels.

Les modalités d’admission dans ces hébergements temporaires varient d’un établissement à l’autre. Notez toutefois que plusieurs organismes proposent à la fois un refuge d’urgence et de l’hébergement de transition. Dans ce cas, les personnes ayant déjà fréquenté le refuge pourraient être prioritaires pour avoir accès aux services d’hébergement de transition.

 

Les logements supervisés

Les logements supervisés sont des hébergements à long terme ou sans limites de temps. Les bénéficiaires de ce type de logement y vivent avec une plus grande autonomie, tout en continuant d’avoir accès à des services d’intervention psychosociale pour les aider à se stabiliser dans leur nouvelle vie. Le loyer pour ces logements varie d’un organisme à l’autre. Dans certains cas, le montant à payer peut être un certain pourcentage du revenu mensuel de la personne, comme c’est le cas au Centre le Diapason.

Ces types de logement sont généralement offerts par des organismes ayant également des services d’hébergement d’urgence et/ou de transition. Là encore, les personnes ayant déjà bénéficié de l’un de ces services sont généralement prioritaires pour l’accès à un logement supervisé.

 

La Maison du Père, une ressource aux multiples services

La Maison du Père, située à Montréal, est un organisme multiservices, réservé aux hommes de 25 ans et plus, qui offre un total de plus de 500 solutions d’hébergement. Tel qu’indiqué sur le site web de l’organisme, « L’itinérance est complexe, d’où l’importance d’offrir des services adaptés à la réalité de chaque individu. » À la Maison du Père, on retrouve ainsi un refuge d’urgence pour les besoins d’une nuit, mais où l’on trouve également un Centre d’accueil et d’hébergement en référencement (CAHR), où les personnes peuvent intégrer un programme de réinsertion d’une durée de 4 mois. Des logements transitoires sont aussi accessibles pour des séjours de 3 à 12 mois. Accompagnés d’intervenants spécialisés, les résidents « doivent être dans des démarches et établir un plan à suivre pour régler leurs problématiques » explique Manon Dubois, directrice développement et communication à la Maison du Père. « Elles peuvent être financières, de santé, d’employabilité ou de stabilité résidentielle. Le but est qu’ils deviennent autonomes. »

L’organisme dispose aussi d’un service spécialisé en santé conduit en partenariat avec le CHUM. « On y accueille des personnes sans domicile fixe qui ont besoin de répit ou de soins. » Des infirmières font partie de l’équipe et des soins oncologiques sont même administrés. « Cette année nous avons même reçu des personnes en soins palliatifs, qu’on a accompagné durant leur fin de vie. »

À ces services s’ajoutent de nombreux autres : résidence pour aînés, réinsertion sociale et soutien communautaire, logements supervisés… Un service de prévention est aussi accessible par téléphone ou courriel pour les personnes à risque de se retrouver en situation d’itinérance. Les répondants tentent alors d’explorer les meilleures solutions, autres que le refuge, car l’organisme croit que l’hébergement d’urgence devrait rester une solution de dernier recours. « En prévention, les demandes sont sans cesse en croissance » explique Mme Dubois. « Il faudrait mettre beaucoup d’efforts ici, en prévention, pour que les gens ne perdent pas leur logement. »

 

Les centres de jour ou de soir

Les centres de jour ou de soir pour les sans-abris sont des lieux où les bénéficiaires peuvent passer un moment afin de se réchauffer durant l'hiver ou pour obtenir divers services gratuitement à tout moment de l'année. Les services peuvent comprendre des activités de loisir, du counseling, des installations pour se reposer et s'occuper de ses besoins personnels ou tout autres services de soutien. 

 

Autres services connexes

Au-delà des ressources d’hébergement, les personnes en situation d’itinérance peuvent bénéficier de plusieurs autres services offerts par des organismes communautaires : accès à des soins de santé, défense des droits, banques alimentaires et soupes populaires, etc.

Cliquez ici pour connaitre l’ensemble des ressources en itinérances disponibles dans notre base de données. Vous pouvez également joindre notre équipe par téléphone au 211. Nos conseillères et conseillers pourront alors mieux déterminer vos besoins et y répondre avec les ressources les mieux adaptées à votre situation ou celle de votre client.

 

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