Trouver des services communautaires et sociaux
Recherche par catégorie
Violences sexuelles : accompagner les victimes vers le rétablissement
Les violences sexuelles représentent un enjeu majeur qui touche toutes les sphères de la société. Si le mouvement #MoiAussi a permis dès 2017 de mettre en lumière les violences sexistes et sexuelles vécues par une large majorité des femmes, plusieurs lacunes demeurent dans la prise en charge psychosociale, médicale et judiciaire des victimes. C’est pourquoi de nombreux organismes se sont organisés pour offrir à ces personnes les ressources nécessaires à leur parcours de rétablissement.
Note : pour toute situation d’urgence mettant votre vie ou celle d’une autre personne en danger, contactez le 9-1-1.
Les femmes sont très largement majoritaires parmi les victimes de violences sexuelles. En 2022 au Québec, elles représentaient 86,8 % des victimes. Face à une telle réalité, le réseau communautaire s’est organisé pour proposer aux femmes le soutien et l’accompagnement nécessaires pour les aider à surmonter ces violences, mais aussi en multipliant les actions de prévention et de sensibilisation. Il est important de prendre note que plusieurs organismes font usage du féminin pour décrire leurs services, afin de représenter l’immense majorité du public qu’ils servent, mais certains d’entre eux ont aussi des services adaptés aux victimes de genre masculin. |
Plusieurs services de première ligne
Le CVASM
Le Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal (CVASM) offre différents services aux personnes victimes de violences sexuelles. Leur ligne Info-aide violence sexuelle est par exemple un service d’aide par téléphone ou clavardage accessible 24/7. « On l’appelle “la source des ressources” » explique Laure Sabatier, agente de communication au CVASM. « Les équipes d’Info-aide violence sexuelle sont solidement formées pour accueillir les demandes. C’est important car il faut d’abord faire preuve d’écoute pour correctement identifier les besoins de la personne. […] Beaucoup ne savent pas que des ressources existent, ou appellent avec une idée précise en tête, et au fil de la discussion, comprennent que d’autres ressources pourraient être mieux adaptées à leur situation. »
«Chaque vague de dénonciation a un impact et fait prendre conscience aux victimes qu’elles ne sont pas seules.»
L’organisme propose par ailleurs un service d’intervention médicosocial en partenariat avec l’Hôpital général de Montréal et le GMF Clinique Medic Elle, qui permet d’avoir accès à des services d’urgence, des soins médicaux ainsi qu’à la trousse médico-légale si des prélèvements sont requis à des fins de poursuites judiciaires. Un suivi clinique individuel est également offert. « Le suivi clinique est là pour offrir un soutien émotionnel, psychosocial » explique Laure Sabatier. « On aide les personnes à reprendre le contrôle, explorer le trauma, déconstruire les mythes qui entourent les violences sexuelles. » Ces mythes sont en effet nombreux et tenaces, et continuent de maintenir les victimes dans une position de responsabilité : questionnements sur la tenue vestimentaire, le comportement, la consommation de substances… Évoquant le mouvement #MoiAussi de 2017, Laure Sabatier ajoute : « Chaque vague de dénonciation a un impact et fait prendre conscience aux victimes qu’elles ne sont pas seules. Mais l’ampleur du mouvement #MoiAussi a permis de faire bouger les choses jusqu’au niveau gouvernemental, y compris sur le financement des services », ce dont elle se réjouit.
Les services du CVASM sont accessibles aux victimes, mais aussi à leur entourage, que ce soit pour aider à mieux comprendre les impacts de ces violences, mais aussi pour les outiller en vue d’accompagner la personne victime, ou même pour explorer leurs propres émotions face à la situation.
Le réseau des CALACS
Parmi les ressources incontournables, les Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), que l’on retrouve à travers tout le Québec et qui sont regroupés au sein du Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS).
Parmi leurs nombreux services, les CALACS offrent du soutien psychologique individuel, des groupes de parole, des services d’urgence, des ateliers de prévention ou encore un accompagnement dans les démarches judiciaires. Ces services visent à accompagner les femmes et les filles dans leur processus de guérison et de réinsertion.
Les CAVAC
Tout contact de nature sexuelle effectué sans le consentement de l’un.e des partenaires est considéré comme une agression sexuelle par le Code criminel. C’est pourquoi les victimes de ce type de violence peuvent avoir recours aux services des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).
Parmi leurs nombreux services, les CAVAC peuvent notamment accompagner les victimes à travers le système judiciaire : dépôt de plainte à la police, soutien lors du processus judiciaire, soutien lors du témoignage à la cour… Ils peuvent également accompagner la victime dans d’autres démarches de nature médicale, psychosociale ou encore pour effectuer une demande d’indemnisation auprès de l’IVAC, le service d’Indemnisation des victimes d’actes criminels.
La violence en contexte conjugal
Les violences sexuelles peuvent aussi être commise par un conjoint. En effet, la violence conjugale, qui peut être physique, mentale ou encore financière, peut aussi être sexuelle. SOS violence conjugale, qui consacre un article très détaillé sur les différentes formes que peut prendre la violence sexuelle au sein d’un couple ou ex-couple, est outillé pour répondre aux demandes de personnes en détresse victimes de ce type de violence. Cette ligne d'écoute disponible 24/7 oriente les victimes vers des refuges et offre un soutien immédiat.
Le tabou persistant des communautés LGBTQ+
De nombreux facteurs font des communautés LGBTQ+ un public particulièrement vulnérable aux différentes formes de violence, incluant les violences sexuelles, qui touchent plus largement les hommes gais.
Si les ressources mentionnées dans cet article sont évidemment accessibles à toute personne, quelle que soit son orientation sexuelle, des enjeux de discrimination peuvent pousser les personnes LGBTQ+ à garder le silence ou à préférer se tourner vers des ressources de la communauté. Conscients de cette réalité, de nombreux organismes LGBTQ+ tels que Rézo, Interligne, le Centre de solidarité lesbienne et bien d’autres peuvent accueillir la parole, offrir le soutien et accompagner les personnes vers les ressources adéquates si besoin.
L’organisme Éducaloi a par ailleurs conçu un guide interactif destiné aux intervenant.e.s auprès de personnes LGBTQ+ victimes de violences sexuelles, ainsi que la ligne d’écoute Interligne.
Les ressources pour personnes mineures et les adultes victimes d’inceste durant l’enfance
Les enfants et adolescents victimes de violences sexuelles nécessitent un accompagnement adapté à leur âge et à leur situation. Plusieurs ressources ont développé des services d’aide en conséquence.
La Fondation Marie-Vincent consacre sa mission au soutien des enfants et adolescent.e.s victimes de violence sexuelle, tout en œuvrant en prévention des comportements violents par l’éducation et la sensibilisation. C’est aussi le cas du Mouvement contre le viol et l’inceste. Parmi ses nombreux services, l’organisme offre notamment du soutien psychosocial aux femmes migrantes ayant vécu la traite des personnes au Canada, pendant leur parcours migratoire ou dans leur pays d’origine.
D’autres, comme le Centre d’intervention pour victimes d’agression sexuelle (CIVAS) du Haut-Richelieu, ou encore de l’organisme Milieu d’intervention et de thérapie en agression sexuelle (MITAS), proposent chacun un volet jeunesse pour les personnes mineures ayant vécu une agression sexuelle ou souhaitant simplement s’informer sur le consentement.
L’Hôpital de Montréal pour enfants dispose quant à lui d’un centre spécialisé pour les victimes de moins de 18 ans, qui peuvent notamment se rendre à l’urgence 24/24h, 7/7j.
Certaines ressources font quant à elles de l’intervention auprès des hommes victimes d’inceste durant l’enfance. C’est le cas de l’organisme Milieu d’intervention et de thérapie en agression sexuelle (MITAS) qui propose un volet dédié à ces personnes, ou encore du Centre de ressources et d’intervention pour hommes abusés sexuellement dans leur enfance (CRIPHASE).
Cet organisme fondé en 1996 pour les hommes victimes d’abus sexuels durant l’enfance, a depuis élargi son offre de service aux hommes victimes de violences sexuelles à l’âge adulte également, ainsi qu’à leur entourage. Des suivis individuels y sont offerts, de même que des rencontres de groupe selon les besoins identifiés avec la personne. « On voit des personnes de tout âge, de toute orientation sexuelle » explique Marc-Antoine Lemay, chargé de communications au CRIPHASE. « La plus grande part ont connu des abus sexuels durant l’enfance, et principalement par des hommes : ça peut être le père, un oncle, un ami de la famille, un prêtre… »
« Aller chercher de l’aide, ça libère. Ceux qui font la démarche nous expriment à quel point ils sont heureux et reconnaissants de l’avoir fait. »
Au-delà de l’intervention, le CRIPHASE mène également des campagnes de prévention, dans les médias comme sur les réseaux sociaux. « On en parle de plus en plus », explique M. Lemay, citant notamment différentes affaires ayant fait grand bruit, des agissements d’Éric Salvail aux scandales qui ont touché le hockey junior. « La médiatisation a beaucoup d’impact dans le sens où elle libère la parole. Des personnes réalisent qu’elles ne sont pas seules et trouvent la force de demander de l’aide. […] Mais il reste des tabous, notamment dans le cas où un homme adulte a subi une agression de la part d’une femme. »
Marc-Antoine Lemay conclut : « Aller chercher de l’aide, ça libère. Ceux qui font la démarche nous expriment à quel point ils sont heureux et reconnaissants de l’avoir fait. »
Saviez-vous? Le partage de photos intimes sans consentement est un acte criminel. S’il s’agit de photos intimes d’une personne mineure, il s’agit alors de distribution de pornographie juvénile, même si la personne accepte le partage de ses photos. Le site aidezmoisvp.ca vient en aide aux personnes victimes de ce type de crime sexuel, en offrant du soutien ou en aidant à la suppression des photos/vidéos en question via le service cyberaide.ca. |
Que vous soyez vous-même victime de violence sexuelle, ou que vous souhaitiez aider une personne de votre entourage, n’hésitez pas à nous contacter au 2-1-1 ou en utilisant le clavardage en bas à droite de l’écran. Notre équipe saura vous accueillir et vous guider vers les ressources les mieux adaptées à votre situation.